Real Madrid : comment l'affaire Valbuena – Benzema est vue en Espagne

Décryptage.

L'affaire Valbuena – Benzema a traversé les Pyrenées depuis une bonne semaine, mais alors que celle-ci rebondit au jour le jour en France, comment celle-ci est-elle traitée chez nos voisins ibériques ?

La presse madrilène est partagée dans ce dossier puisque les deux quotidiens phares Marca et AS semblent défendre deux positions qui diffèrent. Marcos Lopez, l'un des éditorialistes les plus huppés de Marca, n'y va pas par quatre chemins : « Benzema est innocent ». Quelque peu surpris par le déroulé de cette affaire, le journaliste espagnol préfère se baser sur ce qu'il connaà®t de Benzema depuis son arrivée au Real Madrid, c'est à dire un homme droit et honnàªte.

Seul Marca défend Benzema bec et ongles

« Benzema est un ami fidèle, un conciliateur de vestiaire, capable de se mettre dans l'ombre et laisser l'affiche aux autres. La trahison n'est pas dans son vocabulaire, insiste Lopez dans un récent billet clair et tranchant. Ses origines sont humbles et il vient d'une famille structurée. Il aurait pu utiliser le président Florentino Pérez pour avancer mais il ne l'a pas fait. C'est rare dans ce monde (…) L'hypothèse qu'il soit un mauvais ami peut également àªtre écartée. Valbuena le sait et on suppose ici qu'il ne tardera pas à libérer Benzema de sa présumée culpabilité. Il connaà®t sa bonne foi. Les mauvais sont de l'autre côté, pas celui de Benzema ».

Les origines sociales de Benzema remontent à la surface

Le constat n'est pas totalement partagé par AS. Alfredo Relano, lui aussi plume du quotidien madrilène, insiste sur le fait que le passé de Benzema – décrit ici et là comme un délinquant affirmé – ne tient plus vraiment depuis qu'il évolue au Real Madrid mais que celui-ci pourrait lui revenir en pleine figure. « L'enfance difficile, les liens avec le quartier… Cela fait longtemps que Benzema en est sorti, à§a fait six ans qu'il vit à Madrid, dans le quartier le plus luxueux de la capitale, qu'il est entouré de tout ce qui fait une grande institution, souffle Relano en ce mercredi 11 novembre. Ce que demande Zenati à Valbuena, c'est ce que Benzema gagne en une semaine. Pour Benzema, il aurait donc été judicieux de lui donner les 150 000 euros et dire à celui qui est censé àªtre son ami : ‘C'est la dernière fois : change ou je ne te considèrerai plus’. Pour aller ensuite voir Valbuena : ‘Détruis tout à§a et tache juste de faire attention dans ta vie privée’. Mais non, Benzema n'a pas fait cela, il a sans doute mal saisi ce qu'est l'amitié et s'est mis dans une histoire désastreuse qui compromet son futur, sans parler de la réputation du Real Madrid. Benzema est donc bien sorti du quartier, mais le quartier n'est pas sorti de lui ».

Le Real Madrid, soutien jusqu’à quand ?

Tomas Gonzalez Martin, journaliste chevronné au mythique quotidien ABC, défend la màªme ligne que son précédent confrère. Il tombe aussi assez clairement sur Benzema. « Benzema, toi le chat qui a déjà sacrifié six vies et à qui il n'en reste qu'une. C'est bien que tu tendes la main à des amis d'enfance qui veulent sortir de la délinquance mais tu ne peux pas aider ceux qui ne le veulent pas. Ton implication dans cette affaire est allée trop loin, témoigne-t-il sans fard. Karim, soyons clair : soit tu abandonnes pour toujours ces amitiés dangereuses, soit tu mets un point final à la carrière. Aujourd'hui, ta participation à l'Euro 2016, dans ton propre pays, est très compromise. Tu ne peux màªme plus partager la sélection avec Valbuena. Tu trouves à§a normal ? Que tu sois condamné ou pas, ta réputation est entachée à jamais. Il faut que tu en finisses avec les actes d'immaturité. Ou le Real Madrid, qui t'a toujours appuyé de manière inconditionnelle, devra prendre à l'avenir une décision beaucoup plus mature que toi ».

Une information in(compréhensible) ?

Enfin, la position de la presse catalane n'est finalement pas la plus dure de toute mais se résume à un mot : incompréhension. Avec une répulsion affirmée pour toute tentative de minimiser l'affaire en question. « Arràªté, accusé, mise en garde en vue, mise en examen… Il est si compliqué de comprendre la portée de cette affaire depuis le début ? Ce n'est pourtant pas une information qui nous arrive de Russie et qui serait écrite en cyrillique. Non, elle nous provient de France, un pays voisin avec une langue compréhensible », conclut Pere Mas, du quotidien Sport. Un bon résumé finalement.

JP