Certains lisent entre les lignes. D’autres entendent à demi-mot. C’est peut-être ce que nous avons fait lors du point presse jeudi, deux jours avant le coup d’envoi de la saison. N’y voyez pas malice de suiveur du club trop habitué aux discours trop plats et cherchant la moindre aspérité pour y accrocher quelques commentaires. Plutôt la volonté de comprendre et nos oreilles ont bien fait de se dresser lorsqu’une question à Anthony Briançon a abordé l’organisation défensive de l’équipe stéphanoise lors des matches de préparation et donc de celui de la reprise du championnat. Principal intéressé par le choix de Laurent Batlles de défendre avec trois axiaux et des hommes de couloir opérant plus haut, l’ex-Nîmois n’émit pas vraiment des réserves mais une petite lumière d’alerte clignota à son écoute. « Le système a trois reste quand même un peu nouveau pour moi, je ne l'ai que très peu connu dans le passé. C'est un système où il faut faire preuve d'intelligence et d'adaptation, on a pas mal travaillé sur des phases arrêtées pour bien s'acclimater. » Les vagues dijonnaises ont montré qu’il y a encore pas mal de travail…
« Avec Jimmy, on a eu la chance d'arriver en même temps au club et de passer trois semaines à l'hôtel, cela facilite nos rapports. En plus, on a le même âge et on a les mêmes centres d'intérêts » s’était félicité Briançon au sujet de son duo avec Giraudon. Mais si les deux hommes sont également complémentaires sur le terrain, « Jimmy est un super joueur avec une belle relance et de l'expérience, moi je suis plus dans le duel », la défense ne repose pas sur une doublette. C’était un peu (beaucoup), le sens du discours de Giraudon à Dijon, au micro de Margot Dumont sur beIN « Si on ne défend pas tous ensemble, on va être en difficulté. Si on met un peu plus d'envie, ça ira mieux ». C’était à la mi-temps et Batlles partageait manifestement cette analyse puisqu’il effectua deux changements sans pour autant toucher à un système dont l’ex-Troyen venait d’expliquer « il demande beaucoup d'efforts » en constatant l’évidence « Et on ne fait pas assez d'efforts. On ne court pas assez, on ne met pas assez de mouvements, c'est pour ça que l'on se prend des vagues ».
Ne pas oublier que Nassi et Le Bihan ont eu l’occasion de transformer cette défaite en dérouillée
On peut toujours se dire qu’il y a eu un mieux avec les jeunes Louis Mouton et Ayman Aiki, mais ce serait oublier que Nassi et Le Bihan ont eu l’occasion de transformer cette défaite en dérouillée. On ne peut pas, non plus, zapper les quatre buts encaissés devant Angers (1-4) pour une dernière répétition qui aurait dû sonner comme une prémonition. L’avertissement avait été sévère mais s’était trop facilement transformé en blâme pour les remplaçants. A Dijon ce sont des titulaires qui ont failli, des recrues comme des joueurs sur le départ. Un beau foutoir qui doit faire dire à Laurent Batlles « Il y a du boulot » comme en d’autres temps Robert Herbin après une déculottée à Laval. Mais de quels moyens le nouvel homme fort de l’ASSE dispose-t-il ? Ce n’est pas le constat, hélas lucide, de Loïc Perrin qui le rassurera «Le mercato est encore long ». Cela laisse craindre que, comme à chaque mercato stéphanois, il faudra attendre les dernières heures pour savoir qui part, qui arrive… et qui marquera des buts. Giraudon est déjà imprégné de cette philosophie forézienne désespérante « On a eu des situations, mais on ne les a pas concrétisées. Ils ont deux occasions franches, ils les mettent, c'est comme ça. » Problème : après seulement une journée, l’ASSE compte déjà six points de retard sur les meilleurs. Qu’en sera-t-il au soir de la sixième? Batlles qui soupire dans Le Progrès « Je fais comme je peux, avec les moyens que j’ai », va pourtant devoir trouver très vite des solutions en particulier pour faire cesser cette friture sur sa ligne de trois.
Didier BIGARD